Que vous évoque les migrants qui entreprennent le voyage du désespoir vers l’Europe ? Faut-il les laisser venir, ou hiérarchiser plus encore les demandes, entre demandeurs d’asile, migrants économiques, migrants climatiques, adolescents, femmes et enfants ? Qu’avons-nous à offrir à ces personnes sans papiers ?
Voyage du désespoir et flux migratoires
5 000 morts en Méditerranée en 2016. Ils sont plus de 100 000 à avoir rejoint l’Europe, fin 2017.
Quelque 2 275 personnes sont mortes ou portées disparues, en 2018, en tentant de traverser la Méditerranée ! Et depuis, c’est pire !
L’ONG Sea Watch s’est retrouvée coincée en mer avec des migrants à bord, pendant une vingtaine de jours, faute d’un consensus européen pour accueillir lesdits réfugiés. Il est grand temps que les pays européens se décident à répartir le flux de migrants. C’est une question de respect des droits humains, et de pragmatisme.
Gestion de l’immigration en France
La France accueille beaucoup moins de réfugiés que l’Afrique ou le Liban, alors qu’on représente la sixième puissance mondiale ! Pourtant, l’Europe a une réelle capacité à absorber le flux des migrants. Il ne s’agit là, encore une fois, que d’une question de volonté et de pragmatisme. Volonté de s’unir, de mettre en place une vraie politique d’accueil, décente. Or, nos leaders européens laissent la Grèce et l’Italie faire face, seules.
Nous disposons pourtant de toutes les ressources nécessaires pour organiser leur accueil, dans de bonnes conditions, sans que certains français ne se sentent lésés. On peut à la fois sortir de la précarité nos compatriotes défavorisés et offrir un nouveau départ, dans notre pays, aux clandestins.
À quoi sert-il de combattre l’immigration ?
Se refermer sur nous-même, alors que migrants désespérés ont besoin de trouver une terre d’accueil ne fait qu’accroître les tensions et les peurs de chaque côté. La peur de l’envahisseur dans les pays riches ; la démultiplication des passeurs côté migrants, la compétition entre certains pour survivre. Faisons preuve de pragmatisme.
S’adapter au changement climatique
Prendre en compte l’impact du changement climatique sur nos vies à tous, c’est aussi une question de pragmatisme. En raison de ce bouleversement mondial, les réfugiés climatiques viendront toujours plus nombreux. Ils seront contraints de se déplacer, de toute façon. Et si demain c’était nous, Européens, les migrants ? En effet, selon un rapport publié le 2 novembre 2022 par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le programme européen Copernicus, l’Europe se réchauffe 2 fois plus vite que le reste du monde. Alors mettons nous un peu à la place de ceux qui fuient la guerre, la violence, les viols et des pays inhabitables.
Par ailleurs, il est temps de prendre nos distances avec le monde non durable qui nous a été imposé jusque-là par certains puissants. C’est dans notre intérêt à tous que de changer nos habitudes, et d’accueillir, entre autres, les victimes d’un mode de vie occidental qui n’est pas soutenable. Dans ces conditions, refuser le droit d’asile est une hérésie.
Au-delà de notre simple devoir de solidarité et d’entraide, il se trouve qu’on a plein de villes, de villages où installer ces voyageurs de l’enfer. Immigration clandestine ou pas, ils cherchent le répit, à se reconstruire, après torture, viol, destruction de leur logement, etc. Nous, nous avons des régions et villes désertées. Nous avons besoin d’un retour à l’agriculture raisonnée et de proximité.
Repeupler les villages désertés
La survie de la population toute entière va passer par le retour à de plus petites fermes, qui tiennent mieux le coup que les grosses. Il serait donc intéressant de proposer aux nouveaux venus de s’installer à la campagne.
On trouve des exemples concrets qui fonctionnent, comme dans le documentaire italien, » Un paese di Calabria ». Il montre comment des villages italiens vides refleurissent, en accueillant des réfugiés. Tout n’est pas rose, non, mais le devoir de solidarité est respecté, et cela profite à tout le monde.
Voilà qui met à mal l’adage « l’homme est un loup pour l’homme ». Ceux qui survivent à travers les âges sont ceux qui s’entraident et se mélangent !
Combler le ralentissement démographique et les postes vacants
Les autorités se lamentent à cause du ralentissement démographique ? Chacun fait ce qu’il veut, mais pourquoi devrait on faire des enfants dont l’avenir est largement compromis ? N’est-il pas logique d’accueillir ces gens qui se précipitent chez nous ? Ces personnes qui ont des enfants qui peuvent faire venir grossir les statistiques ?
Les immigrés représentent une excellente affaire pour l’État ! Ils dynamisent l’économie ! Combien rapportent ils ? Une douzaine de milliards d’euros par an. De plus, ils paient nos retraites. Les réfugiés ont donc largement leur place, à nos côtés. Dans les zones rurales, mais aussi urbaines. (Source : les très bons comptes de l’immigration – Courrier International de 2012)
Qui exerce les métiers les plus pénibles ?
Pas de surprise ! Ce sont généralement, les migrants ! Ils s’entassent dans notre capitale et apportent beaucoup à la société et à l’économie, en exerçant la majorité des métiers dont nous ne voulons pas. On a donc besoin d’eux. C’est factuel.
90 % de nos autoroutes ont été construites et sont entretenues avec de la main-d’œuvre étrangère. Sans tous ces immigrés, généralement mal payés, le prix de tout ce que nous consommons, notamment les fruits et légumes, seraient bien plus élevés.
De nombreux métiers, en particulier dans les services, ne fonctionnent en France que grâce à l’immigration. Plus de la moitié des médecins hospitaliers dans les banlieues sont étrangers ou d’origine étrangère. Pas moins de 42 % des travailleurs des entreprises de nettoyage sont des immigrés. Plus de 60 % des ateliers de mécanique automobile de Paris et de la région parisienne appartiennent à des mécaniciens et petits entrepreneurs d’origine étrangère. (Source : les très bons comptes de l’immigration – Courrier International de 2012)
Rendre leurs conditions de vie décentes, dans ces métiers boudés par les Français, au passage, ça ne coûte pas grand-chose. En 2018, les agents de nettoyage, généralement immigrés, des gares du nord parisien, ont fini par obtenir gain de cause, après 45 jours de grève !
Aidez SOS Méditerranée !
Oui c’est souvent des arguments de mauvaise foi…
Heureusement, la résistance s’organise…Je pense notamment à Cédric Herrou (et le fameux délit de solidarité…je n’ai jamais compris comment on pouvait oser associer ces deux mots !) et à une tenancière de café à Lampedusa qui ouvre son café aux migrant.e.s malgré le rejet global du reste de la population. Récemment, un réfugié Syrien – dentiste de profession qui a absolument tout perdu, est venu témoigner à mon travail et a martelé ce que peu de gens se représentent: les migrant.e.s sont très souvent des gens qui avaient une bonne situation dans leur pays, ce qui leur a permis de partir et de payer les nombreux intermédiaires (passeurs et consorts souvent peu scrupuleux). Les médias véhiculent toujours cette idée faussée de « misérables » (et oooouuuh la pauvreté ça fait peur, c’est sale !! Hors de notre vue !!!) illétrés et incapables qui viennent juste pour « les aides sociales ». Alors qu’en réalité, ce sont juste des gens qui ont galéré un max et qui ont le DROIT de vouloir MIEUX bon sang ! Je lisais une interview hier qui disait « Alors que des gens de tous bords se crispent sur une supposée arrivée en masse de terroristes et de profiteurs, et si, parmi tous ces migrants, se trouvait le nouveau génie qui va trouver un remède contre la maladie d’Alzheimer ? Nous serions fous de ne pas l’accueillir ! ». Tout est dit.
Exactement. J’envie souvent le pragmatisme des pays scandinaves sur bien des sujets (peut-être pas sur celui-là). C’est effrayant la politique de l’autruche européenne. Une bombe à retardement, comme le changement climatique. Cool que tu cites Cédric Herrou. On a besoin d’exemples positifs !