La mafia fascine depuis toujours, alimentant de nombreux mythes et légendes. Mais quelle est la réalité derrière cette organisation criminelle ? Plongeons dans les mythes et la réalité de la mafia.
Le Code d’Honneur de la Mafia : Mythe ou Réalité ?
On fantasme beaucoup sur le code d’honneur des mafieux. Or, c’est une légende romantique, trompeuse et dangereuse.
Le code d’honneur de la mafia, souvent appelé « Omertà », est un ensemble de règles et de principes implicites que suivent les membres de la mafia. Ce code inclut :
- l’Omertà consistant à ne révéler sous aucune condition les activités du clan mafieux,
- le Secret des affaires de la mafia,
- la Loyauté envers les autres membres,
- le devoir de Vengeance en cas de trahison,
- le Respect de la hiérarchie
- l’honneur…
Ces principes visent à maintenir la cohésion et la discrétion au sein de l’organisation. Cependant, la réalité est souvent différente. L’honneur est sacrifié au profit du pouvoir et du gain financier.

La Mafia dans la Culture Populaire
Des films comme « Le Parrain » ont popularisé une image romantique et fascinante de la mafia.
Les personnages charismatiques et les histoires de pouvoir et de séduction captivent le public. Mais cette représentation est loin de la réalité.
La mafia est avant tout une organisation criminelle dont les activités incluent le trafic de drogue, l’extorsion, et la violence.
Le code d’honneur est souvent bafoué. Il ne signifie strictement rien pour les mafieux.
Ils lui préfèrent souvent le pouvoir et le profit à court terme (comme beaucoup d’entreprises).
Leur vie ne tourne qu’autour de l’argent facile.
Le soi-disant respect des femmes et des enfants ou l’interdiction de certaines activités considérées comme déshonorantes ne sont que légende.
Roberto Saviano et la Camorra
Roberto Saviano, né à Naples, a été témoin très jeune de la guerre que se livraient les bandes criminelles dans la région.
Basé dans les quartiers espagnols, il s’est, comme les autres, habitué à voir des morts, régulièrement.
Dans un podcast où il est interviewé, il explique :
« Quand ma famille du nord de l’Italie venait en visite, je ne savais pas les guider dans les lieux touristiques de ma ville. Je leur montrais les carrefours où les soldats de la Camorra avaient été abattus. Je les amenais voir les pierres tombales, les silhouettes tracées à la craie … j’aimais leur montrer de loin la guerre que je vivais. »
« Un jour, j’ai emmené mon oncle dans une ferme pour voir des personnes qui avaient été noyées dans le lait de bufflonne. […] je voulais leur montrer que j’étais quelqu’un d’adulte, que je n’avais pas peur de la mort et que je savais tout de mon territoire. »
Quand il écrit Gomorra, dans sa vingtaine, le journaliste freelance dévoile la réalité brutale de la Camorra, la mafia napolitaine.
Il expose ce que personne ne veut voir, les faits, pas seulement les traces mais aussi les cadavres, loin des mythes glamourisés.
Il explique « le système » (il sistema) c’est-à-dire la Camorra, organisation napolitaine violente et cruelle où la vie humaine a peu de valeur.
Saviano, condamné à mort par le clan des Casalesi, vit sous protection policière depuis 2006.
Son travail dérange certains politiciens, qui menacent de lui retirer son escorte.

Pourquoi tant de haine contre Roberto Saviano ?
En devenant un best-seller, Gomorra s’est mué en un projecteur puissant sur la réalité et les activités de la Camorra. Ce livre a permis aux lecteurs lire des choses que personne ne regardait vraiment.
Gomorra a mis la Camorra au centre de l’attention. Or, l’attention, c’est ce qui fragilise considérablement les mafieux.
Lorsque une famille mafieuse est arrêtée, dénoncée, les familles rivales exploitent cette attention pour l’affaiblir.
Personne ne nomme les mafieux, dans les quartiers napolitains, tant qu’ils sont vivants. C’est une vieille tradition mafieuse.
Prononcer leur nom revient à affirmer qu’ils sont morts…
Or le livre a pulvérisé cette ancienne tradition.
Le succès de Gomorra a été vécu comme un message adressé aux familles camorristes, d’où leur volonté d’éliminer Roberto Saviano. Elles veulent montrer qu’elles ne se laissent pas intimider.
Gomorra porte atteinte à un équilibre interne aux familles camorristes.
La Mafia et la Politique
La mafia entretient des liens complexes avec la politique. Certains politiciens, comme Salvini et Meloni, ont menacé de retirer la protection policière de Saviano, montrant leur mépris pour son travail contre les mafias.
La lutte contre la mafia est pourtant un enjeu politique majeur en Italie car les mafias influencent les élections et corrompent les institutions, affaiblissant la démocratie.
Mais le gouvernement de Meloni déteste le travail de Saviano, allant carrément jusqu’à le qualifier de « pire écrivain d’Italie ».
Le gouvernement Meloni a peur que sa bataille contre les mafias, qui est très suivie à gauche et aussi à droite, influence l’opinion publique.
La mafia et la culture
Des séries comme « Gomorra » sont accusées de glamouriser la mafia (dixit Berlusconi ou encore Luigi de Magistris, ancien maire de Naples).
Roberto Saviano, lui, explique que ces œuvres permettent de connaître une réalité violente et cruelle, tout en restant en sécurité.
La littérature et les séries sur la mafia sont autant un enseignement qu’un divertissement. Elles permettent de comprendre la réalité de la mafia sans en subir les conséquences.
Il commente :
Un jeune qui dit « génial » devant Gomorra ne se procure pas un pistolet pour ensuite aller tirer sur des gens… il dirait génial aussi devant un western sans se muer en cow-boy. Il dira « génial » aussi devant un thriller.
Si on suit cette logique, plein de gens seraient devenus comme les héros positifs que l’on voit dans des fictions…
Je ne peux que plussoyer !
On est nombreux à lire ou regarder ces récits violents et cruels, qu’il s’agisse de Gomorra, du Parrain, des films de Quentin Tarantino pour les uns, Hunger Game pour les autres, car ils permettent de connaître une réalité et de la muer en une fiction fascinante, mais bien en sécurité dans son canapé.
On peut s’incarner dans cette réalité, de se l’approprier en vivant et en ressentant plein d’émotions, en toute sécurité.
Roberto Saviano explique à juste titre que :
« la littérature s’occupe de la réalité ».
« On ne veut pas devenir ce qu’on lit ou ce que l’on voit ».
Personne ne voudrait vivre cette réalité.
Ceux qui dénigrent les personnes qui suivent ces récits, car on en connaît tous des bouffons effarouchés parce qu’on lit des livres très noirs, invitent ni plus ni moins à l’Omertà, au tabou.
Elles peuvent le faire de bonne foi, même. Mais le tabou ou l’Omertà ne donnent jamais rien de bon.
Qui plus est, personne ne les oblige à se confronter à ces réalités.
En bref, la mafia est entourée de nombreux mythes romantiques, mais la réalité est bien plus sombre.
Le code d’honneur est une légende et les activités criminelles, motivées par le pouvoir et le profit, affaiblissent la démocratie.
Des voix courageuses comme celle de Roberto Saviano dévoilent la vérité sur ces organisations, malgré les menaces et les dangers encourus.
Sources utilisées :
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